par Slametton - France
De l’heure gamine,Je revois ma mine,
De tout petit cancre,
Pris mains dans l’encre,
Etalant un peu fouillis ;
Epatants, deux gribouillis.
Pourtant c’était bien joli,
Sur mur blanc, un coloris !
Mais quand face à la frise,
Maman vînt piquer la crise,
Ma foi, j’ai bien compris,
Que tout art avait son prix !
Et, comme unique salaire,
J’ai connu la petite galère,
Le soir rentrant de classe
Quand j’ai dut virer la trace !
Aujourd’hui je ne peux pas zapper,
Cet instant, ou l’art est venu frapper…
Je sais, que quoi que nous fassions,
Nous gardons le feu de la passion,
Pire, ça va même crescendo.
Moi l’artiste pour de faux,
Quelques années plus tard,
J’aime papiers et buvards,
Et malgré le temps qui passe,
Jamais rien ne m’escagasse,
Pas même les remues méninges,
Qu’il faut pour laver mes linges ;
Sur toutes les places publiques.
Moi qui suis pourtant pudique,
Je viens partager mes lessives,
Presque de manière excessive…
Et, avec des mots pour la peine,
Laver vos maux dans la scène.
Je vais jusqu’à fatiguer le baladeur,
Egratigner, mettre au pas le malheur.
Dans ma jeunesse il y avait des signes
Et sans une faiblesse je persiste et signe
Je m’invente toujours un mobile,
Pour venir un jour dans vos villes,
Pas sur vos murs, mais presque !
Exposer mes nouvelles fresques.
Des jours entiers, j’attends qu’on sonne ;
Pour faire danser voyelles et consonnes.
Moi qui avais déjà dans mon cartable,
Un goût, un petit penchant palpable,
Pour toutes les variantes de cartouche,
J’avoue parfois que tout cela me touche,
De savoir que moi, le petit cancre ;
Je pourrais vivre épris de l’encre.
Moi qui croyais que le cheval de Troie,
N’était qu’au manège, un cheval de bois
Souvent bien plus haut que ma taille ;
J’avais oublié un détail de la bataille.
Moi qui n’aimais que papiers et paix,
Je l’avais peut être même fait exprès…
Moi je ne connaissais qu’un seul siège,
Trônant dans la passion, pris au piège,
Je n’avais rien d’autre devant les yeux ;
Qu’un nuage blanc crevant les cieux.
En vrai, c’est que pour mon petit texte ;
Parce que j’ai appris la vie, son contexte.
Moi je sentais jusque dans le ventre,
Grandissante ma passion de l’encre,
Et même, si je n’ai pas l’étoffe encore,
Pour m’habiller comme les mentors,
J’aimerais qu’un autre petit cancre ;
Un jour, vienne partager mon encre.
Est-ce que mon esprit de mots imbibé,
Me permettra ce soir d’être l’invité ?
Moi je veux bien essayer d’y croire,
Si l’amour donne à la vie une histoire,
Je voudrais sans problème voir l’encre,
Rester longtemps, royaume des cancres.