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Littérature

Dans la lignée de Chez Ulysse, son mode d’emploi romancé de l’Ulysse de Joyce, Julián Ríos continue son exploration des chefs-d’oeuvre totalisants de la littérature européenne avec ces huit essais placés sous les auspices du Quichotte, « ce roman de romans, cet immense roman-fleuve sans rives », qui a selon lui engendré le meilleur de notre modernité.

Commode, l’index placé à la fin du livre, avec ses noms d’oeuvres et d’auteurs par dizaines, est à lui seul un résumé de la méthode Ríos : plutôt qu’attaquer les oeuvres de face et les regarder isolément, il les replace dans un réseau et les met en résonance - technique bibliomaniaque et antiacadémique qui rappelle celle de son compatriote Vila-Matas. Brasser les références et les anecdotes, se laisser surprendre par les coïncidences, ne jamais reculer devant une digression, suivre les veines hypertextuelles du « bois de la littérature » et déambuler au hasard des faits et des souvenirs de lecture, voilà pour lui la meilleure manière - la seule possible au demeurant - de lire les maîtres encyclopédiques abordés ici : Sterne, Schmidt, Mann, Joyce, Cortázar, Machado de Assis ou Nabokov. Chez ce dernier, Ríos est fasciné par le célèbre professeur Kinbote, l’anti-héros de Feu pâle, à cause d’un trait de caractère qu’ils ont en commun : « la manie des références - ou apophénie, pour recourir au terme psychologique désignant la perception de connexions et de significations entre des choses et des phénomènes qui n’entretiennent pas de relation entre eux ». Dans cette éblouissante série d’investigations, Ríos montre précisément le contraire : il y a entre les grandes oeuvres mille et une connexions généalogiques invisibles, y compris là où nous n’en voyons ordinairement pas.

Bernard Quiriny

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