Concours de slam

Hanane
MAROC

J’ai huit ans, je m’appelle Kamel. Mais ça fait bien longtemps que je crois plus au Père Noël. Depuis que je vois maman bosser comme la Mère Denis, Dans une blanchisserie à la Seine- Saint Denis. Elle bosse 12 heures tous les jours, Sans s’assoir, elle est enfermée dans un four. Ses belles petites mains fragiles et douces d’antan Ont été brûlées par le fer de ce salaud de Satan. Mon père, lui, il est cloué au lit. Les médecins disent que c’est une leucémie. Le pauvre, sa vie ne tient plus qu’à un fil ! Il pourrait nous quitter début avril. Alors vous comprenez pourquoi je crois plus au Père Noël ! Ce gros barbu, je le tuerais volontiers en duel ! Puis je l’attacherais en cordée dans le vide avec son duo complice : J’ai nommé Sarko et Fillon, les ratés de la glisse. Alors qu’ils organisent des agapes géantes à l’Elysée, Que Carla chante à poil au Colisée, Les banlieues, elles sont oubliées, harmonieusement rayées de la liste. Et les jeunes, eux, font dangereusement du hors piste. J’ai huit ans, je m’appelle Kamel. Après tout ça, qu’on ne vienne pas me dire de prier le ciel ! Il est où Dieu quand j’ai besoin de lui ? Cherche pas ! Il a pris ces jambes à son cou, il a fui ! Le bouffon, il a pris peur, il a démissionné ! Pas d’alternative, c’est donc vers le deal que je me suis passionné ! Je rate les Fables de la Fontaine pour aller réseauter, J’en oublie même à quoi ressemble un feutre biseauté. Au lieu de chanter dans un chœur d’enfants, Je fais le soprano dans la cour des grands. J’ai jeté toutes mes billes à la poubelle, C’est le cannabis qui les remplace de plus belle ! A l’école, je me prends des zéros Je m’en fous ! Ce que je veux c’est des euros ! Et le soir je donne tout à maman, Elle ne me regarde jamais en les accueillant, Pas une question, pas un comment. Au moins elle s’achètera de beaux vêtements Je ne sais pas comment va se terminer cette histoire, Mais ce que je veux c’est que mes parents connaissent un peu plus la gloire.