Abdelaziz Bouteflika peut entamer triomphalement son troisième mandat. Il a remporté son pari.
Retour sur la campagne électorale avec les analyses des experts et les reportages des journalistes de TV5MONDE.
L'occasion aussi de revenir sur le passé de ce vaste pays, indépendant depuis moins de 50 ans, et à l'histoire politique chaotique.
Une élection-plébiscite
par A.Kader Abderrahim
Abdelaziz Bouteflika avait demandé pendant la campagne électorale une élection large qui lui donne les moyens d'agir, son vœu a été exaucé ; selon les chiffres officiels il aurait recueilli 90% des suffrages et la participation aurait atteint 74%.
En 2004, la mobilisation avait été à peine, officiellement, supérieure à 50% et le chef de l'Etat réélu avec 84,99% des voix.
Les résultats du 09 avril donnent au Président sortant les moyens de ses ambitions et le quinquennat, qui commence, ne manque pas de défis : chômage, logement, éducation, santé sont autant de chantiers restés en jachère et auxquels le locataire du Palais d'El Mouradia doit s'attaquer.
Pendant la campagne électorale le candidat-président s'est engagé à injecter 150 milliards de dollars pour un nouveau plan de développement et créer 3 millions d'emplois. Nul doute que les algériens lui rappelleront ses engagements.
Le fait politique de cette élection est l'arrivée en seconde position de Louisa Hanoun porte-parole du parti des travailleurs, d'obédience trotskyste, qui obtient entre 4 et 6% des voix.
Seule femme du paysage politique algérien elle a mené une campagne active sur le thème du protectionnisme et de la préservation des intérêts des travailleurs algériens. Elle est devenue au fil du temps, après de longues années de combats, une opposante bienveillante.
Le réalisme est souvent le meilleur ennemi de la diversité politique.
L'échec du pluralisme
Vingt ans après la fin officielle du parti unique, en 1989, le multipartisme peine à s'imposer en Algérie où le chef de l'État, issu du FLN (le Front de libération nationale qui mena le combat contre la France coloniale), n'a aucun adversaire à sa mesure.
Depuis l'indépendance du pays en 1962, les institutions ne tirent pas leur légitimité du peuple, mais sont le plus souvent le résultat de compromis entre les dirigeants.
L'échec du pluralisme est aussi imputable à la conjonction de deux facteurs : son refus par de larges franges du pouvoir et la montée de la violence islamiste qui a provoqué un rejet de ce mode de régulation politique en traumatisant le corps social.
Aujourd'hui, l'administration domine la scène politique et dispose d'énormes moyens pour avantager tel ou tel candidat et favoriser une région plutôt qu'une autre.
Absence de médiateur
Il n'y a plus de véritable représentation politique, ni syndicale et l'on constate une régression générale de l'idée de démocratie et du fait politique perçu par la grande majorité des Algériens comme un moyen de s'assurer « une place au soleil ».
Les émeutes, les affrontements et les jacqueries qui éclatent régulièrement à travers le pays illustre cette absence de médiateur entre la société et les gouvernants qui ne disposent d'aucun relais dans l'Algérie réelle.
Cette défiance de la population à l'égard du politique marque l'échec d'une génération qui n'a jamais été en capacité de nouer le dialogue avec sa population.
Et, comme pour souligner un peu plus cette distance, Abdelaziz Bouteflika avait choisi de se représenter sous l'étiquette de « candidat indépendant », mais avec le soutien du FLN, du RND (Rassemblement national démocratique) et de leurs satellites islamistes.
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